Pourquoi parler des watts perdus à vélo ?
Chaque coup de pédale produit de la puissance, exprimée en watts. Pourtant, seulement une partie de cette énergie se transforme en vitesse. Le reste est dissipé dans différentes résistances qui s’opposent au mouvement. Ces « watts perdus » expliquent pourquoi deux cyclistes à puissance égale peuvent avancer à des vitesses différentes. Sur le plat, la majorité de ces pertes provient de l’aérodynamisme. En montée, c’est la gravité qui prend le dessus. Comprendre cette répartition est essentiel pour améliorer ses performances, choisir son matériel et adapter son effort selon le terrain.
Comprendre la répartition des résistances à vélo
Les forces qui consomment vos watts (air, gravité, roulement, frottements)
Le cycliste affronte en permanence quatre grandes résistances :
- La résistance de l’air : elle augmente de manière exponentielle avec la vitesse. Plus vous roulez vite, plus la traînée devient dominante.
- La gravité : omniprésente, elle est le facteur déterminant en montée. Chaque kilo supplémentaire se traduit par des watts perdus contre la pente.
- La résistance au roulement : elle dépend des pneus, de la pression utilisée et de la qualité du revêtement. Elle reste relativement constante mais non négligeable.
- Les frottements mécaniques : la transmission (chaîne, cassette, plateaux), les roulements et les freins consomment aussi quelques watts, qui s’additionnent sur la durée.
Ces résistances ne pèsent pas toutes du même poids : leur importance varie selon le terrain, la vitesse et le matériel utilisé.
Pourquoi la part de l’aérodynamisme varie selon le terrain
À partir de 30 km/h sur le plat, l’air représente plus de 80 % des watts perdus. À 40 km/h et au-delà, cette part peut grimper à plus de 90 %. À l’inverse, en montée, la gravité devient largement dominante. Sur une pente de 8 %, la quasi-totalité de l’énergie sert à lutter contre le poids du cycliste et du vélo. Enfin, à basse vitesse ou sur route dégradée, le roulement et les pertes mécaniques représentent une part plus significative.
La résistance de l’air, premier facteur de watts perdus sur le plat
Quand l’aéro représente plus de 80 % des pertes
Sur le plat, l’aérodynamisme est de loin le premier responsable des watts perdus. Même un cycliste parfaitement affûté qui développe 250 watts en continu verra environ 200 watts absorbés uniquement pour fendre l’air à 35 km/h. Cette disproportion montre à quel point optimiser son aérodynamisme est plus rentable que de se concentrer uniquement sur la légèreté du vélo.
La vitesse comme facteur multiplicateur de la traînée
La traînée aérodynamique croît avec le carré de la vitesse, et la puissance nécessaire pour la vaincre augmente avec le cube de la vitesse. Concrètement, passer de 30 à 40 km/h demande beaucoup plus qu’une simple augmentation linéaire de l’effort. C’est la raison pour laquelle les contre-la-montre sont si exigeants : chaque gain aéro, aussi minime soit-il, permet de réduire l’effort requis pour maintenir une vitesse élevée.
En montée, la gravité devient l’ennemi principal
Comment se répartissent les watts en bosse
Dès que la pente s’élève, la gravité prend une importance capitale. À 10 km/h sur une ascension raide, l’aérodynamisme ne représente plus qu’une fraction des pertes, parfois moins de 20 %. Le poids du cycliste et du vélo devient la variable déterminante. C’est pourquoi les grimpeurs privilégient avant tout la légèreté et cherchent à réduire chaque gramme superflu.
L’importance de l’aérodynamisme dans les ascensions rapides
Il serait pourtant réducteur de dire que l’aérodynamisme ne joue aucun rôle en montée. Sur des cols roulants ou dans des ascensions effectuées à plus de 20 km/h, l’air représente encore une part notable des watts perdus. Les équipes professionnelles l’ont bien compris : un coureur en position compacte et avec un casque optimisé gagne quelques secondes précieuses sur une montée de 20 minutes.
Les watts perdus dans le roulement et la mécanique
Résistance au roulement des pneus et du revêtement
La résistance au roulement dépend directement des pneus choisis, de leur pression et de la qualité de la route. Des pneus larges, modernes et bien gonflés offrent souvent une meilleure efficacité que des pneus étroits sur-gonflés, car ils s’adaptent mieux aux aspérités du bitume. Sur route lisse, la différence est faible, mais sur un revêtement rugueux, un mauvais choix de pneus peut coûter plusieurs watts en continu.
Pertes mécaniques dans la transmission et les roulements
La chaîne, les plateaux, la cassette et les roulements consomment également une partie de la puissance transmise. Une transmission sale ou usée augmente ces pertes. Bien que relativement faibles (quelques watts), elles deviennent importantes sur les longues distances et peuvent représenter une différence notable en compétition. L’entretien régulier et le choix d’un lubrifiant adapté sont des leviers simples pour limiter ces watts perdus.
Comment réduire concrètement les watts perdus
Travailler sa position pour améliorer son aérodynamisme
Le cycliste est la principale source de traînée. Abaisser légèrement la tête, resserrer les bras, coudes à90 degrés, adopter une posture stable et compacte permet de réduire significativement le CdA (coefficient aérodynamique). Ces ajustements, réalisés avec l’aide d’un bike fitter ou par l’observation en vidéo, offrent souvent plus de gains que l’achat d’un nouveau cadre.
Choisir un équipement adapté (casque, textile, roues)
Un casque profilé, un maillot près du corps et des roues hautes améliorent notablement l’aérodynamisme. Contrairement aux idées reçues, ces gains sont mesurables même pour des cyclosportifs amateurs. Par exemple, un simple changement de casque peut économiser plusieurs watts à 45 km/h, soit un gain significatif sur une sortie de plusieurs heures.
Un casque aéro voit un différence de 10 à 15 watts par rapport à un modèle moins aéro.
Optimiser pneus et transmission pour limiter les frottements
Choisir des pneus roulants avec une pression adaptée, entretenir régulièrement sa transmission et vérifier les roulements sont des gestes simples mais efficaces. Les gains sont modestes comparés à l’aérodynamisme, mais ils s’additionnent. Sur un contre-la-montre ou une épreuve longue distance, économiser 5 watts grâce à une transmission fluide peut faire la différence.
Adapter sa stratégie selon le profil du parcours
Sur le plat et dans les sections rapides, l’aérodynamisme doit être la priorité absolue. En bosse, le poids et la gestion de l’effort deviennent centraux. Comprendre cette répartition permet d’adopter la bonne stratégie : se concentrer sur l’aéro là où il compte le plus, alléger son vélo et son équipement pour les ascensions, et toujours entretenir la mécanique pour limiter les pertes invisibles.
Vers l’avenir de l’aérodynamisme en cyclisme
Les technologies progressent rapidement. Les simulations CFD (Computational Fluid Dynamics) permettent de tester virtuellement l’impact d’une position ou d’un équipement avant même de rouler. Les textiles intelligents, capables de canaliser le flux d’air, apparaissent déjà en compétition. L’UCI encadre de plus en plus strictement les innovations, mais la quête d’optimisation continue.
Mais les limites sont déjà atteintes car les conditions idéales d’une position fixe en soufflerie ne sont pas reproductible à l’identique en extérieur. Des système comme Bike Speed Lab sont déja utilisées par les pros.
Demain, chaque cycliste pourra peut-être mesurer en temps réel ses watts perdus grâce à Wasted Watts.
Résumé : où se perdent vos watts à vélo ?
Rouler à vélo, c’est avant tout une lutte permanente contre les résistances. Sur le plat, plus de 80 % de vos watts partent dans l’aérodynamisme. En montée, la gravité prend le relais et dicte l’effort à fournir. Le roulement et les frottements mécaniques complètent ce tableau, consommant quelques watts supplémentaires. La bonne nouvelle, c’est que chacun de ces facteurs peut être optimisé : position, équipement, choix des pneus, entretien de la transmission. Retenez une règle simple : l’aérodynamisme est votre principal ennemi sur le plat, la gravité en bosse, et chaque watt économisé vous rapproche de vos objectifs.