Le grand retour du filetage BSA sur les cadres de vélo !

Longtemps considéré comme un standard du passé, le filetage BSA revient sur le devant de la scène dans l’univers du vélo de route et du Gravel. De plus en plus de constructeurs — grandes marques comme artisans cadreurs — réintègrent ce système fileté dans leurs cadres. Ce retour, loin d’être nostalgique, répond à des besoins très actuels : fiabilité, facilité d’entretien et compatibilité mécanique. Décryptage d’un retour en grâce mérité.

Le filetage BSA, c’est quoi exactement ?

Le standard BSA (British Standard Thread), aussi appelé English Thread, correspond à un boîtier de pédalier fileté. Il mesure 68 mm ou 73 mm de large selon le type de cadre (route ou VTT), et les cuvettes sont vissées de part et d’autre du boîtier, avec un filetage inversé à droite pour éviter le desserrage à la pédale. Ce système est simple, éprouvé, et historiquement adopté par une majorité de marques jusqu’aux années 2000.

Press-Fit : la promesse non tenue des standards modernes

Face au BSA, de nouveaux standards dits « Press-Fit » se sont imposés au début des années 2010. L’idée : supprimer les filetages pour coller ou presser les cuvettes directement dans le cadre. Objectif affiché : gagner en rigidité latérale, économiser quelques grammes et simplifier la production industrielle.

Mais dans la pratique, ces systèmes ont révélé de nombreuses failles :

  • Bruits parasites (craquements) fréquents dus aux tolérances trop lâches ou aux défauts d’alignement.
  • Montage complexe nécessitant des presses spécifiques et un savoir-faire.
  • Entretien difficile, voire impossible sans outil pro.
  • Multiplication des standards (BB30, PF30, BB86, BBright, etc.) créant confusion et incompatibilités.

À tel point que le gain supposé en performance a souvent été annulé par les désagréments pratiques au quotidien.

Pourquoi les constructeurs reviennent au filetage BSA

Après une décennie d’expérimentations plus ou moins heureuses, le retour au filetage BSA s’impose comme une décision logique et pragmatique. Voici pourquoi :

1. Fiabilité mécanique renforcée

Un boîtier fileté bien usiné garantit un montage précis, sans jeu, et évite les problèmes de bruit. Le contact métal/métal vissé est plus stable dans le temps qu’un contact pressé qui peut se détériorer.

2. Simplicité de maintenance

Le démontage et le remplacement d’un boîtier BSA se font facilement avec des outils standard, même chez soi. Pas besoin de presse ou de chauffe, pas de risque d’endommager le cadre.

3. Compatibilité universelle

Le BSA permet de monter une grande variété de pédaliers (Hollowtech II, GXP, Rotor, SRAM DUB avec adaptateur…). Cela ouvre la voie à un large éventail de choix pour les cyclistes comme pour les monteurs professionnels.

4. Moins de retours SAV pour les marques

Les fabricants réduisent les réclamations liées au craquement ou au désalignement, sources de mécontentement et de coûts SAV. Un cadre fileté, bien usiné, est synonyme de tranquillité pour le client… et pour la marque.

Des marques prestigieuses qui ont fait marche arrière

La tendance n’est plus marginale. De nombreux acteurs majeurs du marché reviennent au BSA, parfois après l’avoir abandonné pendant des années.

  • Specialized : retour au filetage BSA sur plusieurs modèles route et Gravel
  • Trek : adopte le BSA sur ses plateformes endurance et compétition
  • BMC : boîtiers filetés sur certaines séries carbone haut de gamme
  • Colnago revient au BSA.
  • Cadreurs artisanaux : le BSA est resté une valeur sûre, notamment en acier et titane

Cette évolution reflète un retour à l’essentiel : privilégier l’expérience utilisateur et la durabilité au détriment du pur marketing technique.

Quel intérêt pour les cyclistes ?

Que vous soyez amateur éclairé, compétiteur ou bikepacker, le retour du BSA est une bonne nouvelle :

  • Moins de craquements = plus de silence et de plaisir
  • Moins de complexité = plus d’autonomie pour l’entretien
  • Moins d’incompatibilités = plus de flexibilité pour monter son vélo à la carte
  • Faible cout d’un boitier classique.

Dans un monde du vélo où l’innovation technique a parfois été synonyme de complication inutile, le retour au BSA est perçu comme un choix de bon sens.

Conclusion : un retour au bon sens mécanique

Le retour du filetage BSA sur les cadres de vélo n’est pas une simple tendance rétro. C’est une réponse logique aux désagréments techniques et pratiques générés par les boîtiers Press-Fit. Robuste, fiable, simple à entretenir, le BSA séduit à nouveau les cyclistes comme les constructeurs. Et ce n’est sans doute pas un hasard si les marques qui avaient juré par l’innovation à tout prix reviennent aujourd’hui à cette valeur sûre de la mécanique vélo.

À l’heure où la réparabilité et la durabilité reprennent du poids dans les décisions d’achat, le filetage BSA a (encore) de beaux jours devant lui.