Giant TCR 2025 : Test longue durée d’un mythe modernisé

À retenir : La 10ᵉ génération du Giant TCR modernise un mythe sans le dénaturer : un cadre allégé sous les 700 g, une intégration intelligente via l’OverDrive Aero, et un comportement plus vif que jamais en montée. Son équilibre reste exemplaire, même si les nouvelles roues carbone durcissent le confort. Face à une concurrence qui fusionne les catégories, le TCR assume sa philosophie de grimpeur polyvalent, honnête, efficace et cohérent. Un vélo qui ne promet pas tout, mais qui fait parfaitement ce qu’il promet.

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Il existe des vélos qui ont marqué l’histoire au point d’influencer durablement la manière dont on conçoit la performance. Le Giant TCR fait partie de ces rares machines dont chaque nouvelle génération porte une forme de responsabilité. C’est un vélo qui a bouleversé les standards en 1997, un vélo qui a initié le concept Total Compact Road, un vélo qui a servi de modèle à toute une décennie de cadres slooping. Et aujourd’hui, près de trente ans plus tard, la question revient avec encore plus d’insistance : comment renouvelle-t-on un mythe sans en trahir la philosophie ?

Le Giant TCR

Pour répondre à cette question, j’ai roulé plus de deux mille kilomètres sur cette dixième génération. Un test long, vivant, dans la vraie vie : celle des sorties en altitude, des routes imparfaites du Vercors, des longues heures sur les faux plats ventés de la vallée grenobloise. Un test loin du vernis marketing, loin des chiffres mis en avant dans les brochures. Un test qui raconte ce qu’est réellement ce TCR quand on le vit au quotidien.

Giant TCR : Le poids d’un héritage

Mon vélo d’essai est le modèle TCR Advanced Pro 0 AXS 2025 actuellement au tarif de 5695 euros équipé de l’ancien Groupe SRAM Force D1.

Lorsqu’on pose la main sur ce TCR 2025, on a immédiatement le sentiment de tenir un vélo qui avance masqué. À première vue, il ne cherche pas à impressionner. Pas de tubes démesurés, pas d’intégration futuriste poussée au point d’en devenir dogmatique. Giant a choisi une forme de continuité, presque à contre-courant d’un marché obsédé par les silhouettes ultra-aéro et les cockpits monoblocs au moindre gramme près.

Mais ce calme apparent est trompeur. Le travail de fond est considérable. Le cadre Advanced SL passe sous les 700 grammes, un seuil symbolique qui place le TCR dans le club des vélos les plus légers du marché, sans pour autant céder à l’extrémisme du carbone affiné jusqu’à la fragilité. Cette quête de légèreté n’est jamais excessive : elle est pensée, distribuée de manière presque organique, avec de la matière retirée précisément là où la structure pouvait l’accepter, et renforcée là où le vélo exprime le plus gros de son énergie.

Tube diagonal, douille de direction, boîtier : tout ce qui contribue à la rigidité directionnelle et au transfert de puissance a été consolidé avec une précision quasi chirurgicale. Cette approche raisonnable se retrouve dans l’intégration. Giant aurait pu céder à la mode du tout monobloc, mais a préféré une solution plus pragmatique : un pivot OverDrive Aero en Dune câblerie totalement interne, mais un poste de pilotage en deux parties, permettant des ajustements précis sans sacrifier l’aérodynamisme.

Le résultat est élégant, efficace, et surtout pratique. On sent que Giant n’a jamais perdu de vue le cycliste réel, celui qui fait évoluer sa position, change de cintre, de largeur, de potence, et qui ne veut pas dépendre d’un mécanicien professionnel pour chaque modification.

Un vélo taillé pour les grimpeurs… mais pas seulement

Ce qui marque immédiatement en montant sur ce TCR, c’est son côté instinctif. Il n’y a aucune période d’adaptation. On se sent chez soi. La géométrie — stable, précise, d’une cohérence exemplaire — rappelle que le TCR a toujours été un vélo de sensation avant d’être un vélo de laboratoire. Le placement en courbe est une formalité. Le vélo file là où le regard se pose, sans inertie parasite, sans latence. On peut le brusquer, le faire plonger, le relever : il exécute chaque ordre comme s’il était branché en direct sur les impulsions du pilote.

Mais c’est en montée que le TCR révèle sa nouvelle personnalité. Le vélo n’a jamais été mollasson, mais cette génération dégage quelque chose de plus tranchant. On sent une nervosité nouvelle, une réactivité presque impulsive, un vélo qui se tend sous la charge et qui répond immédiatement au moindre changement de rythme. Sur l’Alpe d’Huez, j’ai retrouvé ce plaisir très particulier : celui d’un vélo qui ne se dissipe pas, qui ne s’affaisse pas, qui restitue le coup de pédale plutôt que de le lisser. Le TCR a toujours été un grimpeur, mais celui-ci l’est encore davantage.

Le revers de cette médaille se découvre sur les sections plus rugueuses. Le TCR 2025 n’est pas moins confortable parce que le cadre serait devenu brutal ; il l’est parce que les nouvelles roues jouent un rôle déterminant dans la signature dynamique du vélo. Les jantes Giant SLR 0 40 sont d’une efficacité remarquable, mais elles durcissent l’ensemble. Le contraste est flagrant lorsqu’on remonte une paire de roues différentes : le vélo retrouve immédiatement un filtrage plus feutré. La rigidité avant tout, le confort en option.

L’aérodynamisme, l’arme secrète… discrète

L’aéro est partout dans le cyclisme moderne, souvent à grand renfort d’arguments parfois discutables. Pourtant, Giant adopte ici une approche mesurée : optimiser l’avant, lisser les flots d’air, affiner le poste de pilotage, mais sans basculer vers une machine typée « aéro-légère ».

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En réalité, le gain vient de la position. Le cintre plus étroit permet d’adopter un poste naturellement plus aérodynamique. C’est le vélo qui s’adapte au cycliste, et non l’inverse.

Le marché a changé, mais le TCR sait encore où il va

Face à une concurrence qui tend à fusionner les catégories, Giant fait figure de dissident. Specialized a fondu l’Aethos et le Tarmac dans une offre plus lisible. Trek suit la même voie. D’autres marques misent sur des cadres ultra-polyvalents, supposés tout faire, tout remplacer. Giant, lui, refuse la dilution. Le TCR reste un grimpeur polyvalent. Le Propel reste une machine aéro pure. Deux personnalités distinctes plutôt qu’une plateforme omnipotente.

Comparé aux ténors actuels, le TCR apparaît comme une solution plus classique, parfois plus sage, mais redoutablement cohérente. Il n’est pas le plus léger face à l’Addict RC. Il n’est pas le meilleur rapport performance-prix face au Canyon Ultimate. Il n’est pas aussi spectaculaire qu’un Aethos. Mais il réussit quelque chose que les autres peinent souvent à atteindre : l’équilibre. Il est efficace partout, sans jamais devenir caricatural.

Verdict : un vélo de raison, mais un vélo qui donne envie de rouler

Après plusieurs semaines à rouler avec ce TCR 2025, j’en suis arrivé à une conclusion simple : ce vélo n’est pas un coup marketing. Ce n’est pas une révolution qu’on met en scène pour attirer les projecteurs. C’est un TCR dans le sens le plus noble du terme : un vélo taillé pour aller vite, pour monter, pour enchaîner les sorties longues, pour produire un rendement constant, pour durer.

Pour les compétiteurs obsédés par les gains marginaux, il existe plus extrême. Pour les puristes de l’aéro, il existe plus radical. Mais pour les cyclistes qui veulent un vélo sérieux, fiable, cohérent, qui réagit avec franchise et qui reste agréable même après plusieurs milliers de kilomètres, le TCR 2025 est un compagnon remarquable.

Ce n’est pas un vélo qui promet tout. C’est un vélo qui fait tout ce qu’il promet. Et aujourd’hui, dans un marché où l’on confond souvent innovation et agitation, cette honnêteté-là vaut sans doute plus que quelques grammes de gagnés ou quelques watts économisés sur le papier.

FAQ – Giant TCR 2025

Le Giant TCR 2025 est-il vraiment plus léger que la génération précédente ?

Oui. Le cadre Advanced SL passe sous les 700 g, un seuil symbolique qui le place parmi les vélos de route les plus légers du marché, tout en conservant une rigidité renforcée aux points clés comme la douille de direction et le boîtier.

Le nouveau TCR est-il plus confortable ?

Pas vraiment. Le cadre reste sain, mais les nouvelles roues à rayons carbone rigidifient l’ensemble. Avec des roues plus classiques, le confort revient rapidement. C’est davantage un choix de dynamique qu’un défaut du cadre.

Comment se comporte le TCR en montée ?

C’est son terrain de prédilection. Le TCR 2025 se montre plus nerveux, plus réactif et plus explosif que les générations précédentes. Il valorise le grimpeur et répond immédiatement aux changements de rythme.

Le TCR est-il aérodynamique ?

Giant a amélioré l’intégration grâce au pivot OverDrive Aero et à un poste de pilotage plus épuré. L’aéro progresse, mais le TCR reste avant tout un grimpeur polyvalent, et non un vélo aéro-léger à la manière d’un Tarmac SL8 ou d’un Van Rysel RCR.

Le poste de pilotage du TCR est-il facile à régler ?

Oui. Giant a conservé un cockpit en deux parties, bien plus simple à ajuster et à entretenir qu’un monobloc. Cela permet d’adapter facilement la largeur de cintre, la longueur de potence ou la position.

À qui s’adresse vraiment le Giant TCR 2025 ?

Aux grimpeurs, aux cyclosportifs polyvalents et aux cyclistes qui veulent un vélo fiable, cohérent et performant sans se perdre dans l’hyper-intégration. Un vélo efficace partout, sans spécialisation extrême.