Guillaume Prébois, le journaliste cycliste de l’Autre Tour

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Guillaume Prébois, le journaliste cycliste de l’Autre Tour. Cet aventurier est le coureur qui à parcouru trois tours à vélo. Le concept des 3 Grands Tours est né après quelques remarques du type: "Tu as réussi ton Tour parce que tu n'as fais que cela alors que les pros courent toute la saison et sont fatigués". Retrouvez son livre brouillard sur l'angliru en vente sur son site avec dédicace personnalisée.

Nutri-cycles : Qu’est ce qui vous à poussé à vous lancer dans ces aventures cyclistes ?
G.P : Je me suis lancé l'objectif de courir mon « Autre Tour » quand j'ai entendu Tom Boonen déclarer, le soir d'une arrivée dans les Pyrénées: "un homme normal aurait terminé à l'hôpital". Que voulait-il dire ? Qu'il faut être un champion pour courir le Tour ? Qu'il faut se doper ? J'ai voulu relever le défi et surtout obtenir une réponse claire de la médecine: que se passe-t-il dans le corps d'un cycliste "normal" en trois semaines de Tour de France ?

Jusqu'alors personne ne le savait. Aujourd'hui, c'est écrit noir sur blanc dans une thèse.  Le corps humain est capable de tout affronter sans le renfort de drogues ou médicaments ou produits de récupération. Je rappelle que j'ai bouclé mes 3 grands tours à plus de 30 kilomètres heure de moyenne générale...seul, sans peloton, sans massage, ni mécanicien.

Nutri-cycles : Avez-vous fait des recherches en matière de diététique ? Si oui quelles sont vos principales sources d’informations ?

Guillaume PréboisG.P : Je crois qu'il ne faut pas trop se focaliser sur la diététique. En 2007, je m'étais exagérément préoccupé de cela mais la réalité, c'est que le corps brûle tout quand on roule six heures par jour et il faut lui faire plaisir. Je dirais que ce que vous gagnez physiquement en mangeant diététique vous le perdez moralement. Le cyclisme stresse le corps, il faut l'indemniser le soir en mangeant des choses qui font plaisir. N'en concluez pas que je mange n'importe quoi, mais un bon dessert, moi, je l'avale sans sourciller. En revanche, je ne mange pas de charcuterie, très peu de viande rouge et de fromage. Pâtes, riz, escalopes de dinde ou de poulet, omelettes...etc, c'est parfait. Ce qui est sûr, c'est qu'il faut recommencer à faire des "stocks" dès qu'on descend de vélo en mangeant immédiatement: moi j'avalais un gâteau de riz de 500 grammes après chaque étape.

Nutri-cycles : Comment vous ravitaillez-vous en course et avec quoi (solide, liquide) ? Que ce soient des produits de l’effort ou des aliments ? Quels sont ceux qui vous apportent la meilleure énergie ?

G.P : Pour moi tous les produits de l'effort sont des attrape-nigauds. Le corps humain fonctionnait bien avant que ces poudres et gels n'existent! Généralement, ils coûtent cher et vous crament l'estomac, l'intestin et vous filent des gaz pour toute la soirée. Une alimentation trop glucosée est catastrophique et inefficace. Donnez à votre corps des choses qu'il reconnaît: petit sandwich au jambon, au fromage, petit pain fourré à la confiture...les pros mangent ainsi d'ailleurs.
Dans le bidon, tu peux mettre des sels minéraux, mais ne pas en boire plus de deux par sortie, sinon c'est aux toilettes que tu finis la course. Il faut panacher avec de l'eau pure et du sirop (cassis et myrtilles, les meilleurs). Personnellement, j'ai observé une métamorphose de mon organisme: sur mon dernier tour, la Vuelta d'Espagne, je ne mangeai plus rien en course, me contentant de 3 pâtes de fruit (d'excellente qualité, avec 80 pour cent de fruits) en 200 bornes.

Nutri-cycles : Avez-vous déjà subi une fringale ?

Jamais. N'est pas Contador qui veut ! Plus sérieusement, à ma deuxième course en juniors et sur la Vuelta dans l’étape du Pla de Beret, je ne suis pas passé loin…

Nutri-cycles : Avez-vous un protocole alimentaire précis peu avant et durant une échéance sportive importante du style avant/ pendant/ après l’effort ?
G.P : Non, je suis très classique. Je prends des céréales à faible indice glycémique, donc plutôt des flocons d'avoine et non les bombes sucrées vendues dans les supermarchés qui provoquent un pic d’insuline violent et donc une hypo-glycémie réactionnelle dans la demi-heure et donc te laissent vide d’énergie peu après. J’arrose mes céréales de lait de soja, mais en faible quantité parce que des études ont démontré que cela nuisait à la virilité. Il est préférable donc d'utiliser du lait de riz, celui de vache étant simplement indigeste. Ne pas oublier les protéines au petit dej (jambon, fromage ou œufs). Pendant, je m'alimente tout à fait normalement. Après l'effort il faut chercher à réhydrater au maximum. Le docteur me disait toujours, sur mon premier Tour, que mes urines étaient trop concentrées...

Nutri-cycles : Savez-vous combien de calories vous avez brûlées au cours de vos différents tours ? Comment votre corps s’est t‘il modifié au cours de ses multiples aventures (perdu du poids, pris du muscle, …)
Guillaume PréboisG.P : Je n'en ai pas la moindre idée! Disons que j'étais sur une dépense moyenne de 5000 ou 6000 calories / jour. Je me suis aperçu que mon corps s'adaptait à l'effort en optimisant sa consommation. J'avais de moins en moins faim au fil des tours. Mon poids est sensiblement resté le même sur les tours, à part la Vuelta dont je suis rentré sec comme un coucou. Il m'a fallu trois mois pour retrouver un aspect normal, je ne grossissais plus, quoi que je mange!
Mon buste s'est bien développé aussi: sur mon premier tour, on s'est aperçu que j'avais pris 1 kilo de muscles dans les bras et la poitrine.

Nutri-cycles : Comment s’est comporté votre forme mentale …. ?
G.P : C'est le mental et non le physique qui fait la différence. Pour la première fois j'ai vu le vélo comme un instrument de travail. Il fallait rouler, pas le choix, et j'ai mieux compris ce que vivent les pros. On n'a pas toujours envie de se taper 220 bornes sous la pluie. Mais je n'ai jamais douté une seconde. Il fallait que j'aille au bout, quoi qu'il arrive. C'était une affaire d'orgueil perso. Ce que j'annonce, je veux le réaliser.

Nutri-cycles : Avez-vous fait appel à un préparateur mental ?

G.P : Non. Je suis assez têtu tout seul. Demandez à ceux qui me connaissent, j'ai un sacré caractère, en ce sens que je ne lâche rien. C'est la guerre. La vie est un combat et je lutte.

Nutri-cycles : Votre vélo est t’il équipé d’un capteur de puissance ? Pourriez vous nous dire ce que cela vous apport de plus ?
G.P : Je roule depuis 3 ans avec un capteur SRM. C'est fondamental pour bien s'entraîner. Les pulsations sont trompeuses, un jour tu es haut, le lendemain tu es bas...les watts, eux, sont constants et il faut les sortir, point à la ligne. Cela dit, depuis cet hiver, j'ai tout viré et je roule au feeling. Ces ordinateurs de bord sont contraignants: je ne pouvais me résoudre à voir ma moyenne baisser alors je roulais toujours à bloc ! Du coup, maintenant, je m'accorde un peu plus de temps de roue libre, mais pas trop non plus...

Nutri-cycles : Faites vous des tests physiques mentaux, durant chaque tour ? Si oui quels sont les bilans et conseils qui en ressorte et qui peuvent vous servir pour d’autres projets ?
G.P : Je vous renvoie à la lecture de mon livre "L'Autre Tour ou le Tour à l'eau claire" qui contient absolument tout sur le bilan médical d'une telle épreuve.

Nutri-cycles : Quels sont vos points forts et faiblesses ?
G.P : Je suis un rouleur-grimpeur. Personne ne me sortira de la roue en montagne ou en plaine. Par contre, je n'ai pas d'explosivité et je ne cherche pas à la travailler: donc en cas de démarrage violent ou de sprint, je rame pour revenir dans le premier cas et je perds la course dans le second.

Nutri-cycles : En quoi consiste votre entrainement avant de vous lancer dans un tour ?
G.P : Je suis un programme de coureur pro: avec travail de la puissance, de la vélocité, de l'endurance, environ 15 000 km avant un grand tour.

Nutri-cycles : Comment procédez-vous pour récupérer le mieux possible, utilisez vous l’électrostimulation ? Faites-vous des étirements ? Du stretching ? Du LPG ? Des massages manuels ?

G.P : Le corps récupère très bien tout seul. Les massages décontractent l'esprit mais abîment les muscles si on les effectue trop en profondeur (un muscle n'est pas un morceau de plastique qu'on tord dans tous les sens, les fibres se lacèrent). Je ne fais que du stretching chaque matin. Laissez tomber l’électrostimulation, c’est ridicule.

Nutri-cycles : Seriez-vous tenté pour utiliser le spirotiger, qui est un véritable entrainement des muscles respiratoire ?
Voir le dossier sur nutri-site :  http://www.nutri-site.com/dossier-entrainement--entrainer-muscles-respiratoires-spirotager--2--34.html 
G.P : C'est une bonne idée, mais je suis déjà crevé de mon entraînement habituel, pas assez de forces pour me lancer dans autre chose.

Nutri-cycles : Quel était votre rêve d’enfant ? (sport)

G.P : Je suis devenu cycliste en voyant à la télé l'exploit de Jeff Bernard sur le Mont Ventoux. Mais je n'ai jamais eu d'idoles à proprement parler ni de rêves si ce n’est celui de vivre de ma passion.

La vidéo de présentation de l'autre tour

L'Autre Tour - Trailer Officiel - Guillaume Prébois

Nutri-cycles : Quel est l’entrainement qui vous mets le plus la « caisse » ? fractionnés, fartlek ?

G.P : Le fractionné est obligatoire, le fartlek te détruit.

Nutri-cycles : Avez vous déjà fait des préparations en altitude ? Ou en chambre hypoxique ?

G.P : Oui, un stage en altitude l'an dernier avant le Tour, à Saint-Moritz en Suisse. J'ai logé 10 jours à 1900 mètres. Résultat ? Aucun, hématocrite identique. On nous raconte vraiment des bobards chez les pros...

Nutri-cycles : Qu’est ce qui vous fait tenir le coup dans les moments les plus difficiles ?

G.P : Je me répète le slogan favori des italiens: "Hai voluto la bici ? Adesso pedala !"
Traduisez : Tu as voulu un vélo ? Alors maintenant pédale !

Nutri-cycles : Pouvez vous nous décrire précisément votre vélo ? Ses points forts et ses faiblesses ?
G.P : Je suis sponsorisé par la marque de vélo GIANT TCR Advanced Team. Ce sont des cadres pour coursiers, pas des machines pour cyclos. Ils sont très rigides, racés, futuristes et puis ce n'est pas le vélo qui a des faiblesses, c'est le cycliste !

Nutri-cycles : Respectez-vous les contre-la-montre individuels comme les pros ?
Guillaume PréboisG.P : Absolument ! Sur le dernier chrono du Tour 2008 je finis à 30 secondes du dernier coureur classé. Mais la différence c'est que j'ai un Tour en solo dans les cannes, que je ne m'échauffe pas avant et surtout...que je suis dans la circulation, que je freine aux stops et aux carrefours et que je n'ai pas de vélo profilé spécifique dont le gain s'évalue à une seconde par kilomètre.

Nutri-cycles : Quelle est le tour que vous avez préféré ? Avez-vous des anecdotes de voyage, rencontres peu banales ?
G.P : La Vuelta est magnifique en raison des espaces dingues et sauvages de ce pays. Les Espagnols sont d'une sympathie incroyable, ils te doublent calmement en voiture, ils t'encouragent, ils aiment le vélo. Le seul problème dans ce pays, c'est que tu ne trouves pas de pâtes dignes de ce nom, ils te servent des ragoûts infâmes, alors je dînais avec une omelette au chorizo presque chaque soir, adios diététique !

Nutri-cycles : Avez-vous dans les cartons un autre projet un peu fou ? Un Iron man, la RAAM par ex. ?
G.P : Ouh là là, un truc bien plus gros....vous le saurez bientôt !

Nutri-cycles : Un indice sur votre « truc bien plus gros… ? »
G.P : Top secret ! Mais le parcours de la RAAM figure dans mon itinéraire, mais après beaucoup d’autres choses… je ne puis en dire davantage.

Nutri-cycles : Recherchez vous toujours le plus fort le plus long le plus « dingue » quelle est votre motivation à vous lancer dans ce genre de challenge ?

G.P : Je m’amuse comme un fou. Pédaler et voyager sont deux activités gratifiantes. Il faut profiter de la vie quand on peut. Qui sait ce qui se passera demain ?

Nutri-cycles : Pensez vous que les téléspectateurs sauront apprécier ou du moins se passionneront autant pour un tour cycliste quel qu’il soit et couru à des allures plus faibles et avec plus de jours de repos au sein de l’épreuve ?

G.P : Pourquoi pas ? Il faut que la confiance des gens ne soit pas trahie. Comment exulter et applaudir quand on ne sait pas si le vainqueur est propre ?

Guillaume PréboisNutri-cycles : Avez-vous un conseil ou une remarque à donner aux jeunes qui souhaitent se lancer dans le sport ? Et en particulier dans le cyclisme ?
G.P : Oui: il n'y a pas de gloire sans vertu. Comprenez: refusez la tentation diabolique du dopage et si vous craquez et que vous vous chargez, ayez la décence de ne pas lever les bras sur la ligne et partez vous cacher dans votre voiture.

Nutri-cycles : Avez-vous un message à faire passer en dehors de celui sur le sport propre ?
G.P : Ne vous laissez pas séduire et entraîner par ce qui brille, par les apparences, par l’argent facile : dans la vie, tout se gagne à la sueur. Une bonne réputation n’a pas de prix.

Retrouvez « Brouillard sur l’Angliru », le livre des 3 Grands Tours de Guillaume Prébois sur son site :
www.guillaumeprebois.com
"Brouillard sur l’Angliru", le carnet de bord du défi des 3 Grands Tours, est déjà disponible en prévente.
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