La puissance : un moyen de déceler les coureurs cyclistes dopés ?

Thémacycle : Capteur de puissance

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L'analyse de la puissance à vélo est-elle un moyen de déceler les coureurs dopés ? Certains analystes assis devant leur télévision affirment qu'avec des calculs, ils peuvent ainsi évaluer l'état du coureur durant une ascension. Mais que valent ces analyses ?

Le cyclisme fut (est encore ?) massacré dans les années 90 et 2000 par des actes de tricherie. Moi-même, à voir tomber des coureurs que j'admirais pour dopage, j'arrêtais de regarder la Grande Boucle et délaissait le vélo. Depuis l'affaire Festina, les instances ont pris des mesures draconiennes, des contrôles anti-dopages sur les courses, inopinés sur les lieux d'entraînement mais on voit apparaître régulièrement des cas positifs...

Comment sont chassés les tricheurs ?

Aujourd'hui, tout sportif licencié peut être contrôlé par un médecin préleveur de l'Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFLD) sur une compétition pour une analyse urinaire. Les sportifs référencés par leur fédération peuvent aussi être contrôlés sur leur lieu de vie, de stage ou d'entraînement. Ces sportifs doivent communiquer par un système en ligne (ADAMS) un lieu de contrôle possible 365 jours par an.

Pourtant, on le sait, les tricheurs à vélo sont toujours d'actualité : pour certains, on en parle dans les journaux, pour d'autres, on s'étonne juste de ne plus les voir dans les pelotons. Les méthodes de dopage évoluent, prenant toujours un train d'avance sur la lutte anti-dopage.

De nos jours, il est toujours difficile d'avoir des courses 100% clean quel que soit le niveau. Je me souviens encore d'un concurrent de plus de 60 ans tombé pour prise de produits dopants sur une course gentleman, une course où les vainqueurs repartent avec un bouquet de fleur et un filet garni...

Chasser les dopés devant sa télé :

A partir de 2000, Antoine VAYER, ancien entraîneur de certains coureurs de l'équipe Festina, souhaitait mettre au point une méthode pour trouver des compétiteurs aux performances étranges. Avec l'aide de Frédéric PORTOLEAU, spécialiste de la mécanique des fluides, il a utilisé une méthode du calcul indirecte de la puissance développée dans une ascension lorsqu'on n'a pas accès aux données chiffrées des capteurs de puissance comme les pédales Garmin Vector.

Dossier : Un capteur de puissance sur votre vélo

Cet entraîneur et ce mathématicien pensent pouvoir classer les cyclistes :

  • dopage « avéré » à partir de 410 W,
  • dopage « miraculeux » à partir de 430 W,
  • dopage « mutant » à partir de 450 W.

Vous vous souvenez peut être des gros titres suite aux calculs amenant CONTADOR a des valeurs de consommation d'oxygène hors normes (proche des 99ml/min/kg de vo²) : pourtant les principaux utilisateurs admettent que ce n'est pas « une formule magique ».

La puissance : un moyen de déceller les coureurs cyclistes dopés ?

Comment fonctionne la technique de calcul VAYER-PORTOLEAU ?

Il s'agit d'un modèle datant de la fin des années 70 permettant d'identifier la puissance nécessaire pour faire face aux résistances qui s'opposent à un cycliste au même titre que le compteur I-bike. Les résistances à l'avancement du cycliste sont l'air et du vent, le roulement sur le sol, les moyeux, le pédalier et la gravité dès lors qu'il faut grimper.

VAYER et PORTOLEAU utilise cette équation pour estimer la puissance en côte. Ce calcul demande de connaître beaucoup de données à un instant T et c'est le problème de cette méthode qui fait les unes des quotidiens sportifs et généralistes dès que le Tour de France s'emballe.

Le poids du cycliste, la pente réelle, l'influence du vent ou la qualité des roulements font parties des données à collecter. Comme il est difficile de comparer des coureurs aux gabarits différents, VAYER utilise un "coureur étalon" ayant toujours le poids de 78kg ce qui est une très bonne idée pour faciliter la comparaison de performance.

PORTOLEAU calcule, VAYER interprète "à partir de sa connaissance pointue du milieu et des témoignages qu'il recueille".

Le problème de l'estimation de puissance de VAYER-PORTOLEAU

Le modèle de Di PRAMPRERO utilisé demande beaucoup d'informations dont certaines ne sont pas facilement collectables. Si les aboutissements de ce calcul n'étaient pas aussi dangereux pour l'image d'un sport toujours sur la sellette, les approximations seraient permises (et encore).

Parmi ces variables :

  • la surface frontale : difficile à évaluer et on imagine bien qu'un FROOME comparé à un KITTEL, positionné différemment sur des modèles de vélos différents ne pousse pas la même quantité d'air,
  • les conditions météos : on doit pouvoir apporter des éléments probants et mesurés de manières régulières sur toutes les ascensions sur lesquelles on souhaiterait mesurer une puissance. L'utilisation de stations météos à différents intervalles est une solution mais demande des moyens conséquents pour avoir la température, la pression atmosphériques, la force et direction du vent... ce qui n'est pas le cas aujourd'hui,
  • enfin le poids du cycliste, la pente réelle ou la qualité des roulements sont à définir.

On pourra ajouter l'influence de l'aspiration-abri ou drafting sur la consommation d'énergie du cycliste. Contador ou Nibali dans une ascension avec un vent de face seront très heureux de s'abriter derrière un concurrent ou un coéquipier pour s'épargner des efforts.

Le poids du cycliste est très variable entre le départ d'une étape et l'arrivée : certains sportifs peuvent perdre plus d'1,5 litres d'eau lors d'exercice en ambiance chaude (malgré les 5 à 8 litres de boisson journalière) accompagné de 2kg de sucre et graisse stockés.
On imagine aisément que le poids à transporter en haut d'Hautacam ou de l'Izoard aura un impact.

Grégoire MILLET, spécialiste de l'entraînement en altitude, ajoutera lors d'une note parue sur son compte Facebook : « Quelle est la sensibilité individuelle de Froome (ou un autre) à l'altitude ? » En effet, on sait que certains sportifs s'adaptent rapidement à l'air des montagnes (on utilise le terme de bon répondeur) mais un sportif dopé peut échapper au "radar" de l'équation si sa capacité à capter de l'oxygène est amoindrie par l'altitude (entre 3% et 7% - Robergs et al. 1998).

Un calcul effectué devant un téléviseur, sans accès direct aux variables de l'équation : comme une envie de mêler imprécisions et mathématiques... c'est incompatible.

La puissance : un moyen de déceller les coureurs cyclistes dopés ?

Quel degré d'erreur ?

Devant la difficulté de collecter toutes les données à intégrer dans une équation, il semble inconcevable de juger le caractère propre de la performance d'un cycliste. Dans "La preuve par 21" de VAYER, on rapporte que lorsque toutes les données sont connues et validées, la marge d'erreur est inférieure à 2%. Mais lorsque les valeurs sont définies grossièrement... On passe rapidement de valeurs acceptables à des valeurs "mutantes".

Le capteur de puissance peut-il aider un contrôle anti-dopage ?

L'outil capteur de puissance peut, à mon sens, aiguiller et uniquement aiguiller la recherche de tricheur. Je vous l'ai présenté auparavant, il existe des tests pour évaluer la Puissance Maximale Aérobie et les valeurs de seuils. A l'issue de ce test, on obtient un profil de puissance.

La puissance : un moyen de déceller les coureurs cyclistes dopés ?

En comparant ce profil de puissance au profil de puissance lors d'une course et plus précisément lors d'une ascension et de manière récurrente, tout au long de la saison, on observera immanquablement des ruptures de courbe :

  • à la baisse : sur-entraînement, maladie, hypoglycémie...
  • à la hausse : préparation médicamenteuse, pratique dopante...

Aux agences anti-dopage de terminer le travail avec des preuves biologiques !

La lutte anti-dopage est complexe : le travail secret de l'analyse biologique (prise de sang et d'urine) est souvent écrasé par le tapage médiatique d'une technique mathématique ambitieuse mais peu fiable. Le capteur de puissance que la majorité du peloton utilise désormais pourrait être une aide précieuse pour trouver les bad boys de la Petite Reine.

Ce qu'on oublie, pour conclure, c'est que la performance humaine n'a pas de limite, on explore quotidiennement l'inconnu. Aujourd'hui, peut être existe-il un sportif inconnu à 100ml de VO² max, ce que certains pensent comme inconcevable sans aide prohibée !

Note : cet article a été écrit suite à des échanges avec le rédacteur du site Chronowatt. M. VAYER et PORTOLEAU ont été sollicité sans succès.

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La pratique du vélo représente une quantité d’efforts importants pour le corps humain : dépense d'énergie, rythme cardiaque élevé, perte hydrique importante.

Cette dépense doit être compensée par un apport calorique à laquelle les produits énergétiques peuvent répondre.