Cyclisme : Une femme n'est pas un homme !

On observe bien sûr quelques particularités comme le faisait remarquer dernièrement Ludovic Dubau, l'entraineur de Pauline Ferrand Prévot qui rappelait que "les filles ont tendance à rester assises sur le vélo, à mettre un gros braquet et à relancer comme un diesel".

Petit comparatif physiologique applicable aux cyclistes de tout niveau :

1- Les chronos à la loupe

La femme est douée pour les activités d'endurance avec un fonctionnement cardiaque plus économe que chez l'homme. On remarque aussi chez la sportive d'endurance une utilisation préférentielle des lipides durant l'effort et surtout une protection contre les dommages musculaires encore mal compris (Bosquet L. "Ultra-endurance : la femme dépassera-t-elle l'homme ?" 4e Forum européen Cœur, Exercice et Prévention, 2011).

Lorsqu'on compare la Puissance Maximale Aérobie entre UNE et UN cycliste, on observe un léger décalage de 10% au détriment des féminines. Pour rappel, la PMA est la mesure de l'appui maximal créé par les jambes sur les pédales en restant dans la filière énergétique de l'endurance, l'aérobie.

Dossier : Entrainement Cyclisme : Booster votre PMA !

*dernières mesures connues.

Soit une différence moyenne femme/homme de 1% sur ce panel de coureurs !

De point de vue chronométrique, on observe un décalage plus important, probablement plus représentatif de la différence de potentiel physiologique.

2- Un problème de taille

Si les femmes sont endurantes, comment expliquer ces différences ? Une femme est plus légère et plus petite qu'un homme. Un homme possède une masse grasse moins importante qu'une femme. En parallèle, on remarque le rapport de la masse maigre (muscle) sur le poids total est en règle générale à l'avantage des hommes (35% du poids total versus 28% pour les femmes).

Dossier : Connaissez-vous votre taux de graisse ?

A partir de ces considérations morphologiques, on comprends les différences de 10 à 15% en terme de performances ou du moins, dans les records des sports d'endurance en défaveur de la gente féminine.

Fût un temps, on pensait voir les femmes franchir des lignes d'arrivée avant les hommes. Mais l'arrivée tardive des femmes dans la compétition de haut niveau (marathon, cyclisme, triathlon...) a créé une progression trés rapide tendant à se tasser régulièrement actuellement.

3- Une différence dans le corps du sportif

La femme présente un déficit dans sa capacité de consommation maximale d'oxygène, nommé VO² max, à cause d'une masse en hémoglobine plus faible: cela sous-entends moins de globules rouges pour acheminer l'oxygène dans les muscles. Les hommes possède donc un Vo² max supérieur à celui des femmes: on peut observer un delta de prés de 50% mais les différences sont à relativiser.

Dossier : VO2 Max et PMA

De quoi parle-t-on ?

Je l'ai rappelé plus haut, les hommes sont plus lourds, possèdent plus de muscle ce qui implique une demande d'énergie plus conséquente pour le moindre effort physique. On enregistre des maximums chez l'homme de l'ordre de 85ml.min.kg versus 70ml.min.kg pour la femme soit 20% de différence. Si on rapporte le Vo² max au poids de muscle, les différences sont faibles, de l'ordre de 10 à 12%. Lorsqu'on possède (pour la femme) 10% de petits wagons transporteurs d'oxygène, on comprends mieux le pourquoi du comment !

4- Les femmes peuvent-elles passer en tête ?

Etant plutôt réputé pour être un féministe du sport malgré ma pauvre condition d'homme, je pourrais répondre OUI.

Il va de soi que si nous prenons les données brutes de puissance, de VO²,..., les hommes resteront supérieurs dans la performance. Si nous nous plaçons dans la réalité de l'effort, la femme est très performante :

• sérieux de l'entrainement,
  
• gestion de la performance,
  
• utilisation des graisses facilitée dans la durée...

Les femmes ont une carte à jouer !

Les triathlètes se souviendront de la performance de l'anglaise Chrissie WELLINGTON sur le Triathlon Longue Distance de l'Alpe d'Huez 2008 : celle-ci terminait seconde au scratch et les spectateurs pensaient la voir prendre la tête si il y avait eu encore quelques kilomètres de course !

J'ai fait un état des lieux très théorique comportant des exemples issus de la compétition et de la haute performance mais il faut retenir que les femmes ont des facilités pour les sports d'endurance dont le cyclisme sur route ou le VTT. Rouler entre amies, rouler avec son conjoint permet de se maintenir en forme quel que soit l'âge. Si le virus de la compétition vous prend, les épreuves féminines se développent de plus en plus.