Suer pour récupérer, quelle drôle d’idée !
Nombreux sont les cyclistes qui pensent qu’une ‘’bonne suée’’ le lendemain d’un effort intense, par exemple une compétition, leur permettra de mieux récupérer. Ils affirment fièrement qu’en transpirant, ils élimineront plus facilement les déchets. La sortie de récupération vêtue de plusieurs couches d’habits, utile ou pas ?
Récupérer, oui mais de quoi ?
Un effort long et/ou intense engendre une fatigue (ou plutôt des fatigues, nous allons voir pourquoi) : le cycliste est dans l’incapacité de maintenir une puissance donnée et d’assurer une bonne qualité d’exécution. Cette baisse du niveau de performance, elle est multi-causale. Elle est due à des déséquilibres biologiques d’origine centrale (cerveau) et/ou périphérique (musculaire).
Ces troubles fonctionnelles, ils peuvent venir du catabolisme des protéines, de l’accumulation de radicaux libres oxygénés, d’une acidose tissulaire, de la déplétion des réserves de glycogène, d’une perte excessive d’eau et de minéraux, etc.
La sueur, elle est composée de quoi ?
La sueur contient de l’eau, en majorité, des micronutriments (sodium, potassium, calcium, zinc, cuivre...) et des produits du métabolisme.
La composition minérale de la sueur diffère selon les individus. Elle dépend du niveau d’acclimatation à la chaleur, de l’exercice, de la source de stress, de la durée de la sudation et du statut de chaque minéral présent dans le corps. Ainsi :
- un sportif sue généralement davantage qu’un sédentaire.
- une personne séjournant dans un environnemment chaud, donc propice à la transpiration, voit sa sueur de moins en moins concentrée au fil des jours.
- obtenue de manière active ou passivement, la sueur n’est pas la même. En courant, l’eau perdue vient du compartiment intra-cellulaire alors qu’en pratiquant le sauna ou le hammam, elle a pour origine le compartiment extra-cellulaire.
- plus la sudation dure, moins la sueur est concentrée. L’organisme ‘‘rechigne’’ en effet à perdre de ses micronutriments au fur et à mesure qu’il sue.
La sueur est composée d’eau et de micronutriments mais pas seulement. Elle contient également certains produits du métabolisme : les corps cétoniques issus de la dégradation des acides gras et des lactates venant de la dégradatation incomplète du glucose.
>> Dossier : Ne pas négliger l’hydratation !
Suer pour récupérer ?
Répondre à cette question, c’est en poser d’autres.
Suer, facilite-t-il :
- le rétablissement des équilibres acido-basique et oxydatif ? Seule une alimentation adaptée, reposant sur la consommation régulière de fruits et de légumes et limitée en produits d’origine animale et en sel, y parvient. La sueur n’est donc que peu utile pour l’élimination des radicaux libres oxygénés et les protons !
- la reconstitution des réserves de glycogène ? Le stockage du glucose dans le foie et les muscles dépend du contexte hormonal, de la disponibilité en glucides, du niveau des réserves de glycogène, de l’intégrité des cellules musculaires et...du statut hydrique. Chaque gramme de glycogène stocké s’accompagnant de près de 3 grammes d’eau, reperdre de l’eau en suant ne paraît donc pas très judicieux...
- l’anabolisme ? Comme pour la mise en réserve de glycogène, les cellules ont besoin d’eau pour la synthèse des protéines.
- la réhydratation ? Si suer permet de se réhydrater...
‘‘Oui mais en roulant, j’élimine les déchets !’’
Nous les attendions ceux-ci ! Les déchets ou les toxines, voilà les termes ‘‘fourre-tout’’ par excellence ! Lorsque nous demandons aux cyclistes de les définir précisément, soit ils en sont incapables (!), soit ils évoquent l’acide lactique. Or, l’acide lactique n’existe pas tel quel dans l’organisme car il est rapidement dissocié en ions lactates et protons !
Et les lactates ne sont pas des déchets car recyclés en glucose dans le foie, ils deviennent des substrats énergétiques tandis que les protons sont rapidement pris en charge par des systèmes dits tampons, essentiellement des protéines plasmatiques.
Et les autres déchets ? L’urée ? Eliminée par l’urine ! Le dioxyde de carbone ? Rejeté par la ventilation !
Vous l’aurez compris, suer ne permet pas d’éliminer les déchets et autres toxines car...ils n’existent pas !
Sauna et hamman, qu’en penser ?
Au-delà d’entraver la récupération en aggravant la déshydratation, le sauna et le hamman augmentent le risque d’infection. Les environnements chauds et humides, les virus et autres bactéries, ils les adorent ! Proche d’un objectif, le sauna et le hammam sont donc à éviter.
A oublier car lorsque la charge d’entraînement est élevée, les défenses immunitaires de l’organisme sont affaiblies. Les virus, bactéries et autres pathogènes venant de l’environnement se réjouissent de la porte laissée grande ouverte par l’organisme !
Attention au home-trainer !
Sur home-trainer, les pertes hydrominérales sont élevées. Il n’est pas rare de perdre plusieurs litres de sueur en une heure de pratique. Rouler sur home-trainer n’est donc pas du tout judicieux en contexte de récupération.
Suer le lendemain d’un effort intense ne permet pas de mieux récupérer. Si vous souhaitez optimiser votre récupération, optez plutôt pour d’autres méthodes ! Par exemple, pourquoi n’essayeriez-vous pas de voir ce que vous pourriez faire au niveau de votre alimentation ?