Le vélo du sprinteur : Quelles spécificités ?
Quelles sont les spécificités à prendre en compte pour acheter un vélo lorsqu'on est compétiteur sprinteur ? Voici les trois grandes lignes principales : Rigidité, aérodynamisme et solidité du vélo !
Au niveau professionnel pour gagner un sprint, il est nécessaire de « sortir » +/- 1500 watts sur une dizaine de secondes et ce, sans compter l'approche des derniers kilomètres qui se fait déjà à des niveaux de puissance très élevées. Au niveau amateur, si les watts ne sont pas aussi élevés, en dessous de 1000 watts il ne faut pas espérer gagner un sprint quelque soit la catégorie.
Si ces chiffres ne vous disent peut-être rien, il faut savoir que Chris Froome dépasse tout juste les 400 watts de moyenne lorsqu'il grimpe l'Alpe d'Huez. Donc, vous l'avez compris quelque soit le niveau auquel se dispute le sprint, il faut développer plus du double de la puissance d'un vainqueur du Tour de France !
Dossier : Cyclisme : Abécédaire de la puissance à vélo
Et le choix d'un vélo qui convient au sprinteur doit se faire pour avoir le maximum d'efficacité durant ces quelques secondes cruciales. L'idée est donc d'avoir un vélo qui sprinte voire qui vire et non une machine qui grimpe. On ne parlera donc pas de poids mais bien de :
- rigidité,
- d'aérodynamisme
- de solidité
Dossier : Déterminer ses besoins et sa réelle pratique avant d'acheter un vélo
Le vélo du sprinteur est rigide !
Pour une bonne compréhension des termes utilisés, vous pouvez vous reporter à notre dossier : Les composants d'un vélo de route
C'est bien simple c'est la 1ère qualité que le vélo du sprinteur doit avoir. A noter que le vélo doit être pris dans son ensemble, sans maillon faible. C'est-à-dire que tout, absolument tout doit être rigide. Si l'un des composants de la chaine globale ne se montre pas suffisamment rigide, le manque sera flagrant et l'efficacité générale en baisse.
Par exemple, si le cadre et les roues sont « raides » mais que la potence fléchit en danseuse, l'impression de flottement sera davantage ressentie que si cette même potence entoure un ensemble cadre-roues plus souple.
Le cadre est comme à l'accoutumée la pièce maitresse du vélo. Il sera choisi « intraitable ». Contrairement à ce que l'on peut penser a priori, ce ne sont pas forcément les cadres les plus haut de gamme qui seront les meilleurs choix.
En effet, pour gagner les derniers grammes, les constructeurs finissent par enlever un peu de matière, procédé défavorable à la recherche de rigidité. De même, les cadres les plus prestigieux sont souvent une recherche du meilleur compromis entre poids, rigidité, réactivité, confort (Utilisation de fibres de carbone différentes selon les gammes). Hors, le sprinteur n'a pas besoin de toutes ces qualités et son crédo n'est pas le compromis mais plutôt un côté radical.
Ainsi, renseignez-vous pour connaitre les caractéristiques attendues des cadres que vous visez et surtout n'écartez pas de gamme de prix : en raison de leur côté inflexible, les cadres moyenne gamme donnent souvent les meilleurs résultats sur les sprints.
De même, le carbone n'est pas forcément le meilleur des matériaux. D'excellents cadres alu peuvent tout à fait satisfaire le sprinteur.
De même, ne vous laissez pas « aveugler » par une grosse section de tubes : dès lors qu'il s'agit de carbone, cela ne garantit en rien une plus grande rigidité. Au contraire, avec un cintre et surtout une potence « massifs », tous les 2 choisis en aluminium, le sprinteur met toutes les chances de son côté pour obtenir la meilleure rigidité du poste de pilotage. La transmission de l'énergie vers le cadre se fait alors d'autant mieux.
Le vélo du sprinteur est aérodynamique
Dossier : Les différents types de vélo route
Qui dit sprint dit forcément vitesse élevée. Avec l'effet de peloton et même dans les « petites » catégorie, les sprints s'abordent sur le plat à plus de 50 km/h. Ici, l'aéro prend toute sa valeur. Pour illustrer ce propos et à 50 km/h (en faux plat descendant) essayez vous-même de mettre les mains en bas du cintre après les avoir placées en haut. La différence est nette !
Le travail de l'aéro se fait donc d'abord sur le cycliste : Visionnez pour cela des vidéos sur Youtube de sprints de Mark Cavendish pour vérifier à quel point l'avant de son corps « rase » le cintre. Cependant, la forme du cadre peut aussi avoir son importance. Tous les fabricants rivalisent de formes étudiées pour garantir la meilleure pénétration dans l'air possible.
Dossier : L'importance de la géométrie du cadre
Ceci est donc valable pour les cadres qui ont tendance à s'affiner de plus en plus dans le sens longitudinal mais surtout pour les roues. Celles-ci voient souvent leur hauteur passer à +/- 60 mm. Ici le gain qui concerne l'aéro est évident mais il est aussi valable pour l'inertie : les roues à jantes hautes sont plus lourdes en périphérie, ce qui reste un atout une fois atteinte une vitesse élevée.
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Dossier : Roues de vélo carbone : les profils de jante
Parallèlement, la largeur de ces jantes – surtout carbone – a tendance à enfler. Les études ont montré que des profils bombés et larges (profils en U) sont plus performants que de faibles largeurs associées à une pointe effilée (profils en V). Pour rester cohérent, les largeurs des pneus et des boyaux a suivi cette inflation de largeur. Les enveloppes sont donc dans le prolongement des jantes avec des profils 25 mm voire plus qui ont tendance à se généraliser.
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Le vélo du sprinteur est solide
Etant données les contraintes subies par le vélo lors des sprints et leur préparation, étant donné le poids du sprinteur lui-même qui rend souvent une quinzaine de kilos à son collègue grimpeur, le vélo doit être solide. Car dans tous les cas, la résistance à la fatigue est mise à rude épreuve. En reprenant les chiffres de watts, un vélo de sprinteur qui doit encaisser plus de 1000 watts régulièrement souffre davantage que celui d'un cyclotouriste au long cours.
De même, lors de l'approche du sprint, il est nécessaire de prendre quelques risques avec les adversaires tout comme avec la chaussée : Cela peut signifier de devoir remonter sur les trottoirs, dans les bas côtés c'est-à-dire des endroits où la qualité de l'asphalte n'est absolument pas garantie. Il serait dommage de perdre une course sur une casse de rayon ou pire sur la rupture d'une tige de selle voire d'un cintre avec les conséquences désastreuses que l'on peut imaginer !
Car il est nécessaire de préciser que le vélo d'un sprinteur souffre bien plus que celui du grimpeur, même si celui-ci peut être tenté de flirter avec des limites de poids qui entament elles aussi la résistance !
En conclusion, le vélo d'un sprinteur doit être choisi en connaissance de cause car les besoins de ce cycliste sont spécifiques et ne sauraient correspondre à un compromis. Peu importe que le vélo soit optimisé pour passer les bosses tout en étant économique. Ici, le but est très clair : être le plus performant sur les 300 derniers mètres ainsi que sur leur approche… quitte à légèrement sacrifier le reste de la course.