Rencontre avec Lizzie Armitstead : Championne du monde sur route 2015
Elizabeth (Lizzie) Armitstead est championne du monde sur route 2015. Membre du team Boels-Dolmans, c’est une compétitrice au caractère bien trempé, que la pression de la compétition fait avancer ! Assidue à l’entrainement mais également adepte de technologie, rencontre avec l’une des grandes favorites au titre de championne Olympique sur route 2016.
Bienvenue à Kaatsheuvel (Pays-Bas) ou comme chaque année, le Team féminin Boels-Dolmans présente sa nouvelle équipe pour la saison 2016. Un passage obligé pour les membres de l'équipe en transit entre le retour d’un stage d’entrainement dans le sud Espagnol et le départ pour le Tour du Qatar féminin 2016 (deuxième et troisième place au classement général final d’ailleurs à ce jour de publication de l'article).
Et dans les rangs du Team, quelques noms se démarquent, signe que le team possède un palmarès fort intéressant : Chantal Blaak, Evelyn Stevens, ou bien encore Megan Guarnier. Malheureusement dans l’hexagone ces noms-là ne résonnent pas, car le cyclisme féminin prend malheureusement du temps à se médiatiser. Seule Pauline Ferrand-Prevot (Du team Rabobank, au palmarès imposant lui aussi) rappelle aux Français toutes les capacités de ces filles. Et l’une des sérieuses concurrentes pour le titre de championne olympique, c’est l’actuelle leader du team Boels-Dolmans, vice-championne Olympique en 2012 derrière Marianne Vos, leader de la coupe du monde 2015, vainqueur des championnats du monde 2015, je vous présente Lizzie Armitstead.
Rencontre avec Lizzie Armitstead
27 ans, de nombreuses victoires, ancienne coureuse sur piste, un maillot de championne du monde sur route sur les épaules, une année olympique en 2016, des yeux bleus, … Lorsque tu t’assois en tête à tête avec Lizzie, tu as forcément beaucoup de questions à poser.
Et le courant passe vite, car Lizzie en impose par sa décontraction et son accessibilité. Pas de chichis, un ton professionnel et des réponses carrés, posées. D’ailleurs les premières questions qui viennent rapidement sont celles sur la pression éventuelle qu’elle peut désormais avoir sur les épaules avec cette "pancarte" de championne du monde.
La pression est positive pour moi, elle me fait avancer, me motive. Mieux que cela elle donne un sens à la compétition, j’aime bien qu’il y ai un focus sur moi, ça m’oblige à me dépasser, j’en ai besoin !
Il faut savoir que cette coureuse Anglaise évoluait sur piste (5 médailles aux mondiaux 2009-2010) avant d’arriver sur la route en 2009. Et depuis qu’elle évolue exclusivement sur route, elle s’entraine seule, entendez par là sans coach.
Je m’entraine actuellement entre trois et quatre heures par jour, je me connais bien, j’applique mes propres programmes. Lorsque j’étais dans les équipes Anglaises sur piste, j’étais très « drivé ». Depuis que je coure sur route, j’ai fait le choix de l’autonomie. Je m’aide de logiciels comme TrainingPeaks en relation avec mon capteur de puissance Quarq.
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Tour des Flandres, la course by le Tour de France et Jeux Olympiques de Rio seront les objectifs principaux de Lizzie cette saison. Si les deux premiers sont « classiques », la donne change quand à celui de fin de saison : Les jeux olympiques au Brésil voient un circuit difficile avec du dénivelé. Néanmoins, ce type de parcours n’est pas son relief de prédilection.
Ma préparation pour les jeux olympiques va être différente de ce que je fais habituellement. Je décompose la saison 2016 en deux parties : Avant et après le printemps ! Avant, je vais participer aux courses rapides et plates, puis après, j’axerais mes entrainements/courses principalement sur la progression en montagne. En effet, le relief du parcours Olympique fait que je vais devoir travailler beaucoup en montagne car je pense qu’actuellement je ne performe pas assez sur ce type de relief. J’habite Monaco, c'est un lieu qui possède un terrain intéressant pour s'entrainer dans ce sens, mais également la possibilité d’aller en Italie.
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Lizzie est, comme beaucoup de cyclistes qui se respectent, une passionnée de joli matériel. En effet lorsqu’on évoque avec elle l’aspect technique de la discipline, on s’aperçoit qu’elle est pointue sur la connaissance de son équipement. En 2016, elle chevauchera à nouveau le modèle S-Works Amira fourni par Specialized partenaire du Team. Mais, championne du monde oblige, les coloris de son vélo seront adaptés au maillot arc en ciel.
Au sein de l'équipe nous échangeons avec nos partenaires matériel. Sur la course by le Tour en 2015 j’avais pu essayer en compétition le SRAM Red eTap. La logique de changement de vitesse diffère mais le gain en utilisation est palpable. J’ai de petites mains et le peu d’efforts à consentir pour le changement est un plus non négligeable en course. De même, j’ai fait placer des petits blips sous mon cintre, c’est un gain énorme pour moi sur nos modèles Amira pour cette nouvelle saison.
Du côté de Specialized (Partenaire cadre et équipement), nous avons pu travailler ensemble a un meilleur positionnement sur le vélo (Body Geometry Fit) depuis deux ans. Cela induit des améliorations, elles se ressentent au niveau confort et optimisation de pédalage sur le vélo, de la tête (casque S-Works Prevail et Evade Women’s) aux pieds (chaussures S-Works 6 Women’s).
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Nous essayons d’avoir le même niveau d’équipement et de soutien technique pour tout le team. Ce n‘est pas spécifique à moi. En revanche, nous n’avons pas encore travaillé sur l’optimisation de ma position aérodynamique dans le Wind Tunnel (Californie). Je pense également que chaque petit détail a son importance sur une compétition : Pneus, jantes, … J’aime à travailler à l’amélioration de tous ces composants et j’échange beaucoup avec Christine Majerus qui est très calée sur cet aspect !
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Sur un plan plus pécuniaire, Lizzie est une des exceptions du vélo féminin qui sort du lot financièrement, ce qui n’est pas véritablement représentatif de l’ensemble du peloton. On peut d’ailleurs apercevoir son professionnalisme envers ses partenaires lorsqu’on suit son compte Instagram ou twitter : Elle fait le job et maitrise ce nouveau mode de communication. Un intérêt qui n’est pas des moindres pour les sponsors.
Je gagne bien ma vie, je n’ai pas à me plaindre, j’ai une bonne équipe et de bons sponsors ce qui me permet de m’en sortir convenablement. Nous avons également la chance que toutes les filles du Team Boels-Dolmans soient professionnelles et salariées par l’équipe. J’espère que le vélo féminin puisse se développer afin d’attirer plus de partenaires et étendre ce principe de fonctionnement.
L’UCI joue déjà un rôle dans le développement du cyclisme féminin et je pense que c’est sur la bonne voie. Cela reste bien évidemment à beaucoup améliorer, nous devons travailler ensemble à cela.
Mental d’acier, caractère bien forgé, pratiquante passionnée, il n’y a pas forcément de hasard chez cette championne. Alors qu’en sera-t-il pour 2016 ? Et vous serez-vous devant votre écran lors des JO. Suivrez-vous Lizzie cette saison ?
En tout cas, de notre côté nous serons attentif à ce vélo féminin en pleine essor car nous partageons la même passion et Lizzie est le reflet de tout ce que doit posséder un coursier pour gagner !
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