Femmes cyclistes : Plus résistantes que les hommes !

1- La réalité physique

On enregistre toujours de 10 à 15% de différence dans les performances femme/homme ou du moins, dans les records de sport d'endurance. Fût un temps, on pensait voir les femmes franchir des lignes d'arrivée avant les hommes mais l'arrivée tardive de celles-ci dans la compétition de haut niveau (marathon et bien entendu cyclisme...) et leur progression très rapide tends à se tasser régulièrement. La femme présente un déficit de VO² max plus faible à cause d'une masse en hémoglobine plus faible : cela sous-entends moins de globules rouges pour acheminer l'oxygène dans les organes actifs. On pourrait aussi penser qu'une femme est moins forte qu'un homme : lorsqu'on observe les valeurs de puissance d'une Pauline Ferrand Prévot et d'un Michal Kiatowski, il n'y a pas photo.

Dossier : Cyclisme : Une femme n'est pas un homme !

2- La réalité du terrain

Les hommes ont toujours possédé un VO² max supérieur à celui des femmes mais les différences sont à relativiser. Pour rappel, le VO² max est la quantité maximale d'oxygène qu'un être humain peut utiliser par unité de temps, en règle générale, chaque minute.

Dossier : VO2 Max et PMA

De quoi parle-t-on ? Du VO² max dans l'absolu ?

On enregistre des maximums de l'ordre de 90ml.min.kg pour les hommes versus 70ml.min.kg pour les femmes soit 22% de différence. L'homme est plus lourd que la femme et on sait que la femme présente une masse grasse supérieure à l'homme. Si on rapporte le VO² max au kilo de masse maigre (muscles), les différences sont beaucoup plus faibles : 10 à 12%.

Dans le même ordre d'idée, on pourrait penser qu'une femme est moins forte qu'un homme : lorsqu'on observe les valeurs issues d'un capteur de puissance, si on rapporte les mesures au poids de corps, encore une fois, la différence devient très relative.

La femme est douée pour les activités d'endurance dont le cyclisme avec un fonctionnement cardiaque plus économe et l'utilisation préférentielle des lipides. De plus, on remarque une protection contre les dommages musculaires encore mal compris par les scientifiques (Bosquet L. "Ultra-endurance : la femme dépassera-t-elle l'homme ?" 4e Forum européen Cœur, Exercice et Prévention, 2011).

3- L'endurance est l'alliée de la sportive

Les hommes utilisent une part importante de sucre durant l'effort de manière naturelle. Seul un processus d'entrainement vers des efforts à jeun ou en mode "LOW" (low energy) permet de forcer l'utilisation des lipides de manière plus importante. Les femmes vont naturellement vers les lipides dans des proportions importantes et cette différence métabolique explique la capacité à maintenir un effort de longue durée.

On sait aussi que les efforts réalisés avec des réserves de glycogène réduites sont synonymes de dégradation de la structure même du muscle. La fatigue musculaire ressentie (contracture puis probablement courbature) et mesurée (en terme de puissance appliquée sur le pédalier) est donc plus faible chez la femme !

Dossier : Les cyclistes féminines abuseraient-elles de l'entraînement « à jeun » ?

De la même manière, les capacités de récupération sont impactées après des séances violentes (fractionnés en côte par exemple) ou très longues (Etape du Tour ou sortie longue). La femme a une capacité supérieure à maintenir la régularité dans son entraînement.

Fiche pratique : Les séances intenses

Il y a plusieurs raisons :

• si les réserves d'énergie sucrées sont rarement intégralement vides, la femme retarde donc l'utilisation des protéines, ciment du muscle, pour produire de l'énergie.
• en parallèle, les hormones féminines (les oestrogènes) ont un impact positif sur le développement musculaire et leur renforcement.

4- Le mental, le 1% qui fait la différence

Mon expérience en tant qu'entraîneur m'a rapidement fait préférer entrainer des femmes que des hommes par la force mentale qu'elles dégagent ainsi que leur application dans la démarche pour progresser en cyclisme. On pourrait penser qu'il s'agit d'un trait de caractère mais on sait aujourd'hui que la production de substances comme la dopamine, la sérotonine ou l'acétylcholine est potentiellement plus importante chez la femme.

Dossier : La préparation mentale du cycliste

La dégradation plus limitée des protéines musculaires facilite la sécrétion de ces  neurotransmetteurs qui impacte la concentration, l'apprentissage et la motivation. Autant de qualités qui font la différence sur des compétitions de longue durée telle que nous les rencontrons en cyclisme sur route ou VTT.

Ne nous fions pas à l'apparence ; sous une apparente fragilité, les sportives et plus particulièrement les cyclistes, sont très résistantes. Le physique masculin a ses avantages mais les femmes ont leur mot à dire. Le retard historique dans l'entraînement des sportives tend à se combler et des performances de plus en plus proches seront observées depuis quelques années au même titre qu'en triathlon longue distance ou en course à pied !

Pour rappel, l'anglaise Chrissie WELLINGTON, multiples championne du monde de triathlon Ironman, avait terminé 2nde de l'épreuve "longue distance" de l'Alpe d'Huez, revenant à quelques encablures du futur vainqueur en fin de course.

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